La fabrication vue par moi : pas une mince affaire !

Faire un meuble, quel qu’il soit, c’est des heures de réflexion, de nuits écourtées à réfléchir aux problèmes qui se posent.

A voir mon mari faire, un meuble ça se fabrique d’abord dans la tête avant de passer au concret. Avoir l’idée du résultat voulu, ou un modèle papier, choisir dans quelle essence de bois le réaliser, et puis des heures de calculs, de schémas en long, en large, en coupe, morceau par morceau ; mais là, moi, les croquis en 3D j’ai du mal à m’y retrouver ! Mais quand on connait le métier, tout s’organise rationnellement peu à peu. Surtout, hors de question de faire des montages à la va-vite ; tout en tenons-mortaises, sinon ce n’est pas du bon boulot : donc prévoir en conséquence la taille des montants de l’ossature… Voir l’épaisseur des panneaux pour les encastrements, des comptes et des calculs… Jamais de clous (sacrilège), toujours des vis. Déjà prévoir aussi toute la quincaillerie (fermeture, charnières, paumelles, coulisses, serrures, etc.).

Et quand tout ça a été dégrossi sur le papier, au travail. D’abord transbahuter les piles de bois pour trouver les bonnes planches, les bons plateaux : pas léger parfois ! Et comme par hasard, celles qu’on veut sont toujours en dessous…. Après ça, il faut remettre tout ce qu’on a déménagé en place. Et là, je suis évidemment embauchée d’office ; impossible de faire seul. Mais quelle corvée !

Un coup de main encore pour déligner les planches à la scie à ruban, puis c’est le ron-ron de la machine à bois, de la scie circulaire, de la dégauchisseuse, la raboteuse, de la mortaiseuse. Encore des appels à l’aide par-ci, par-là pour maintenir les grands morceaux. Quelle est agréable cette bonne odeur de bois qui monte du sous-sol ! Des heures de travail après, voilà des tas de montants qui s’empilent, tous annotés pour l’assemblage futur : l’ossature est prête à être montée. De simples planches de bois noircies par le temps, voilà de superbes morceaux, d’une belle couleur claire, aux veinures dignes d’un artiste, toutes douces et chaudes. Les panneaux de côtés ou façades, quelle fantaisie, quelle moulure ? Les idées et avis sont sollicités.

Le montage : help ! pas rien non plus cela. On encastre tous ces morceaux un par un, à nu, pour voir si tout va bien. Quand tout est ok, il faut tout re-démonter pour ensuite encoller chaque tenon-mortaise, les emboîter, encastrer les panneaux et maintenir tout ça avec des serre-joints le temps du sèchage, tout en vérifiant le bon équerrage, la bonne jointure de chaque pièce. Quand il ne faut pas re-défaire parce qu’un petit détail cloche et recommencer : comme dit ma maman « cent fois sous le marteau, remettez votre ouvrage » La voiture dort parfois dehors à ce stade de la fabrication car il faut de la place, mais cela prend forme.

Les finitions : c’est ce qui fera toute la beauté de la réalisation, donc à ne pas rater. Avant tout, poncer soigneusement, travail parfois long et fastidieux. Bois naturel ou teinté ? ciré ou verni,   peint ou lasuré… de toute façon une couche de départ et il faut tout reponcer légèrement à nouveau pour enlever toutes les fibres du bois qui se redressent sous l’effet de l’humidité du premier enduit. Pas de précipitation, faire les choses en leur temps pour avoir un rendu final à la hauteur du travail réalisé.

Et ce n’est toujours pas fini. Il y a encore toutes ces petites choses selon le meuble ; étagères, vitres, portes et charnières, tiroirs et coulisses, etc…

Mais quand enfin, après x jours, xx heures de travail, (on ne les a pas comptés) on prend la photo finale, quel plaisir de voir son oeuvre ! Et on passe en revue tous les aléas rencontrés (le morceau qui casse, le noeud du bois qui part, le mauvais calcul, la pièce montée à l’envers, les blessures occasionnelles…) mais quel bonheur et quelle satisfaction personnelle.